Honte à eux, honte à nous….

Si ce n’était pas si grave je dirais «tout ça pour ça!», en hochant la calebasse sous ma tignasse. Oui : «tout ça pour ça» ou le retour à la case départ du vide abyssal des idées, des idéaux, des hommes et des espoirs.
Le zéro et l’infini…de toute forme d’intelligence politique. L’alpha et l’oméga de la misérabilité comme but, de la flagornerie et de l’hypocrisie…
Tout ça pour ça. Comme quoi rien ne change chez nous : la platitude de nos comportements, s’ils n’étaient pas si dangereux, finit par lasser.
Et nous revoilà dans «l’Avant», cet «avant» de tous les désespoirs et de toutes les rancoeurs.
Nous venons de prouver à la face du monde que nous n’étions encore qu’à la maternelle de la démocratie, sans honte et sans pudeur. Les «amis» d’hier sont les vainqueurs d’aujourd’hui, grands illusionnistes de marionnettes sans envergure, faisant et défaisant les rois au gré de leur fantaisie et de leurs humeurs.
Bien abrités derrière de beaux mots ronflants et promettant aux populaces enthousiastes de la sculpture sur les nuages, brandissant leurs uniformes d’opérette, les généraux montrent le vrai visage de notre armée «nationale»: celle d’un clan, d’une secte peu au fait que la Nation n’est pas au service de l’armée mais l’inverse. Une tribu de galonnés qui ont décidé que, oui, le pays et ses hommes leur appartient, le pays ainsi que son chef légalement ET constitutionnellement ET démocratiquement élu.
Sans oublier les sbires de cette armée de va t’en guerre, certains députés qui, sans vergogne, défilent sur les chaînes de TV étrangères où ils nous racontent benoîtement que le coup d’Etat est une bonne chose, que c’était la suite logique du climat délétère de ces derniers mois, que le Président prisonnier et déchu n’a que ce qu’il mérite… L’overdose de ces salmigondis verbieux me donne la nausée. Et ils arriveront, je vous le dis, à faire croire aux gens que la démocratie c’est ça : je t’élis, mais si tu me déplais, je te fais tomber…Et en y ajoutant une bonne dose de cynisme ces mêmes nous promettent des élections présidentielles prochaines «légales»! Tout en ajoutant que, Grâce à Dieu, ils résoudront tous les problèmes de la RIM, en oubliant de parler du problème que, EUX représentent. La seule chose positive ( ????) qui pourrait ressortir de cette merde c’est qu’enfin, ces députés là montrent que le mouvement anti constitutionnel était en marche depuis longtemps et qu’ils ont eu tout intérêt à foutre la scène politique en l’air afin de préparer le terrain à leurs maîtres en uniformes. En oubliant qu’ils ont été élus démocratiquement et que s’ils poussaient la logique jusqu’au bout, LEUR logique, les citoyens auraient donc le droit, à la mode Far West, de les faire tomber. Mais las…. Tout à la joie de leur putsch ils oublient qu’à force de jouer avec le feu, celui-ci finit par brûler. Et qu’en sortant l’armée de ses casernes et de l’ombre, nous pouvons dire adieu à toute forme de démocratie. Nous étions devenus un modèle ; nous sommes maintenant un enfer.
Zorro est arrivé. Et tout un chacun de renouer avec les bons vieux artifices qui nous sont propres : le Président est renversé illégalement et revoici les cortèges d’adorateurs et de laudateurs des nouveaux maîtres (en oubliant un peu vite qu’ils ont encensé le même Président au moment de son élection et, avant, qu’ils ont encensé Taya, et avant…). Quelle honte pour nous ! Et quelle honte pour eux !
Certains, se cachant derrière le putsch de Ould Vall, nous disent que les coups d’Etat peuvent avoir du bon. C’est oublier un peu vite les contextes différents : Sidioca n’est pas Taya. Son gouvernement, même faible, n’était pas celui de l’ancien dictateur.
Oui il était faible et n’a pas su résoudre les crises. Oui les prix ont flambé ; oui la menace terroriste a frappé ; oui la politique s’est embourbée ; oui le pétrole n’a encore rien donné.
Mais peut on tout mettre sur le dos d’un seul homme?

Les généraux promettent de changer les choses. Mais pendant des décennies, au gré des envies et des démangeaisons militaires, on nous a resservi les mêmes discours à la sauce «dictateurs en gestation». Qui peut croire des imbécillités pareilles?
Et s’agenouiller devant la toute puissance militaire est le signe de nos erreurs et faiblesses. Et accepter la mainmise des généraux dans une pitoyable tentative de ressembler à la Turquie, c’est pactiser avec le diable et accepter que nous ne serons toujours que les pantins des uniformes.
Alors des élections dans quelques mois pourquoi? Pourquoi faire les frais de campagnes présidentielles onéreuses si, en fin de compte, le futur président ne pourra pas agir et sera toujours sous la menace des éructations militaires?
Soyons donc une dictature militaire, une bonne fois pour toute. Jetons donc la Constitution aux orties. Préférons les hommes forts aux hommes élus. Rétablissons le régime féodal.
Dans la logique des députés dépeceurs de pays et d’idéaux, je propose même de dissoudre notre Assemblée. Elle n’a servi qu’à préparer le retour des militaires.
Et instituons un ministère (de pacotille?) «de l’Art de la louange et de marcher au pas», qui enseignerait aux citoyens les mille et une façon de manifester leur contentement dans les rues de nos villes et villages.
Alors je le redis : le spectacle est ignoble. Une partie de nos politiques est ignoble. Les laudateurs sont ignobles.
Ils nous chantent «démocratie» mais ne sont même pas capables d’autoriser les anti putschistes de manifester. Ils nous chantent aussi «Constitution» : mais alors, au regard de cette dernière, il n’y a qu’un seul Président en Mauritanie : Sidi Ould Cheikh Abdallahi, seul garant du pouvoir légal. Lui et personne d’autre.
Tout ça pour ça….
Salut.

Mariem Mint Derwich

Ps : merci mimi, on peut pas dire que je suis pas demo.....
ps2 : banzaiiiiiiiiiiiii pour les états "" Généraux "" .