mercredi, août 20, 2008

Mauritanie : décryptage d’un putsch

Un coup d’Etat en août 2008 pour préserver les acquis démocratiques nés du coup d’Etat d’août 2006. La Mauritanie construit sa démocratie par à-coups.

Le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi n’est plus à la tête de la Mauritanie depuis le 6 août août 2008. Les généraux Mohamed Ould Abdelaziz , jusqu’ici chef d’Etat Major de la garde présidentielle, l’a déposé quelques heures avant que le décret signant son limogeage, ainsi que ceux des chefs d’Etat Major de la Garde et de la Gendarmerie, ne soit mis à exécution. Les observateurs remarqueront que c’est la même équipe, qui a renversé Maouya Ould Sidi Ahmed Taya, qui a abrégé le mandat de Sidioca, surnom du désormais ex-président mauritanien. Même modus operandi : il n’y a pas eu d’effusion de sang. Un comité a été constitué. Seule différence : le cachet. Autant hier, il était question de transition démocratique. Autant aujourd’hui, il s’agit, dixit les putschistes, de sauver une démocratie en danger. Dans ses premières déclarations le nouvel homme fort refuse de parler d’un coup d’Etat, situant son action dans le « rétablissement de la sécurité et la lutte contre le terrorisme ».

Présidence impuissante

Ainsi, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, premier président élu démocratiquement ne sera resté au pouvoir qu’une année et demie. Assez pour perdre le soutien des généraux, ce qui s’est traduit par une perte d’influence au niveau parlementaire.

Elu démocratiquement, mais obligé de composer avec une majorité hétéroclite constituée d’une mosaïque de partis politiques et d’individus aux caractéristiques différentes, l’ancien président s’est retrouvé très vite pris en otage. Avec d’une part un Premier Ministre et un président de l’Assemblée nationale aux couleurs politiques différentes, choisis selon un deal électoral d’entre les deux tours, un parti-Etat (Adil) sans identité, constitué des soutiens du chef de l’Etat et où l’on retrouve des islamistes, des libéraux et des gauchisants, il devait constamment préserver un consensus fragile sous la dictée des militaires.

Le pacte tacite celé entre ces derniers a été une première fois remis en cause en mai dernier suite au limogeage de l’ancien premier ministre Zeine Ould Ziedane. Un limogeage opéré dans la précipitation sans l’aval des militaires et qui va participer à l’isolement du président.

Eviter le retour de l’ancien régime


La nomination d’un nouveau premier ministre, jugé à tort et à raison proche de l’ancienne ère, allait encore aggraver le fossé entre les généraux et le président. Ce premier ministre, Ould Waghaf, va composer un gouvernement qui consacre le retour des ténors de l’ancien régime à des postes clés et l’entrée de deux partis de l’opposition au gouvernement. Cette ouverture tout azimut n’est pas du goût de tout le monde. A partir de là un groupe de parlementaires met en branle une procédure de motion de censure. Comble de l’ironie, on retrouve parmi les auteurs de cette démarche inédite dans la vie politique mauritanienne, des membres du parti Adil du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi alliés à ceux du RFD, principal parti démocratique. Pour éviter l’aboutissement de la motion, le gouvernement démissionne à la mi-juillet. Reconduit, le premier ministre forme un nouveau gouvernement en soignant son casting : les symboles de l’ancien régime passent à la trappe. Une concession apparemment insuffisante et qui n’empêche pas les sénateurs, cette fois-ci, d’exiger des clarifications sur la manière dont la première dame gère sa fondation. La crise s’installe. Le parti Adil enregistre la démission d’une cinquantaine de ses membres. Les rumeurs de mésentente entre le Palais Gris et l’Armée gagnent la rue. Le président joue son va tout et, sous la dictée de ses conseillers décide de jouer un « contre la montre » risqué en signant un décret limogeant les généraux accusés d’être à l’origine de la crise parlementaire. Une décision qui allait lui coûter son poste.

C’est au plus fort de ce bras de fer, que le coup d’état du 5 août 2008 est intervenu, soit trois ans jour pour jour après le renversement de Taya. Le retour de l’armée aux commandes rappelle cruellement à ce pays de 3 millions d’habitants ses vieilles habitudes d’alternance militaire.

Mohamed B Fall – Les Afriques – le 08 Aout 2008

1 Comments:

Blogger maatala said...

Salam

Salut mon frère

L'histoire a finit par nous donner raison au sujet de Ahmed ould Daddah

L'homme le plus dangereux de la Mauritanie dit le FOU

Banzaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii

maatala

20 août, 2008 20:04  

<< Home